Les instantanées de Mme Student.
" Confusions existentielles et leçons de choses "
Je suis la minute qui passe. Le lapin véloce, le nuage qui s’effrite des
oreilles pour emplir le ciel de vapeur avant de se dissoudre dans l’air. Je
suis le bruit de l’avion et sa trace qui s’efface. L’aéronef mystique qui
travers l’Afrique par-delà les sables. Telle une lance mythique, il pourfend
l’éther pour déstabiliser les démons et braver les titans.
Domino, le dalmatien vit sur la terrasse des voisins. Il ne reconnaît plus
ma voix, mais il a du flair. Il me reconnaît de loin. Je le comprends quand je
viens lui offrir un gâteau au chocolat. Et je le constate à l’éclat intelligent
de ses yeux. Il est comme ces oiseaux du jardin, qui me réclament leur pitance
chaque matin. Une obole, des morceaux de pain, déchiquetés de mes mains, qu’ils
se sont habitués à recevoir et que je leur sers sur le pilier central du
balcon. Hier, ils étaient à trois sur la cime du même bambou, en train de
siffler en scrutant ce qui passe. Aujourd’hui, pressé, ils n’auront rien, sauf
de ce qu’ils chercheront d’eux-mêmes. Je ne suis pour eux, qu’un hasard, un
artefact du destin.
Se souviendront-ils de moi ?Comme Doby et sa fille Erica,de leur
tonton ! Ou qu’ils seront pris d’oubli, comme ma voisine du haut qui a
perdu sa mémoire brutalement, ne se souvenant plus de rien. Un flash
d’Alzheimer, un clash de la personne,éparpillée et hagarde, qui remet toute sa
personnalité, ses souvenirs et son identité, son devenir, sa responsabilité,
son âme, en question.
Tels Ramsès le pharaon, l’empereur César ou le roi, je te vois, étoile du
Nord. Super star, plus grande que le soleil, tu es là dans le ciel, du matin au
soir, trônant au-dessus des arbres et des monts. Toi qui es immense et loin, je
te vois comme un point. Comment me vois-tu, toi à ton tour, si tu m’aperçois?
Comme un rien !
Que je regarde le ciel et que je vois les étoiles, tant que je suis vivant
et que mes yeux peuvent les discerner dans la Voie Lactée. L’immensité de
l’univers, doublée de notre incompréhension face à la démesure, nous
interpellent. Est-ce une forme de prières et de louanges au Seigneur que
d’admirer Sa création ? Que j’emplisse alors mes yeux de ce
spectacle ! J’empoigne ce sable de mes mains tant que je peux leur
commander, avant qu’elles ne retournent se fondre dans les argiles sous terre
ou que l’UA, ne décide de nous spolier de notre bout de Sahara !
La Terre tourne sur elle-même et circule autour du Soleil. Je voyage avec
et tout autour d’elle. Je m’imagine en avion, voyageant pour une traiter une
mission vitale. Sans me renverser ni culbuter, je vole la tête à l’envers. Je
suis rapide, mais pas assez, ni autant que la lumière. Comme je voudrais vite
remparer cet injuste dol. Je suis comme l’éclair du tonnerre qui effraie les
petits et qui repart ailleurs. Je suis comme ces grêlons qui tombent sur les
toits des voitures, avant de glisser et de fondre sur le sol.
Il neige cet hiver au pays plus que d’habitude. Nos ruraux, perchés sur les
cimes glacées, sont exclus, du fait que les routes desservent mal les
montagnes ! Simplets dans leurs chaumières fragiles et leurs
cabanesgelées, ils pensent aux riches et aux milliardaires. Des bienheureux qui
vivent déjà le paradis sur terre. Eux, si chauds dans leurs ostensibles
conforts, mais qui les ignorent ! Et ils pensent au Roi si cool, si
diligent et si proche, qui ne les oublie guère, face aux misères de cet hiver
rigoureux qu’ils encourent.
Je suis l’ombre de ce vieillard qui se projette sur les flancs de la voiture
qui passe. Je suis l’un des plus vieux arbres de cette avenue de Port Lyautey.
Qu’est-il devenu une fois maréchal, ce Pharaon ? Ce César, qui défit les
empereurs et les sultans du terroir, mais qui fut meilleur que ses autres
compères.
Je suis le faux-poivrier de cette rangée droite du boulevard que le
Résident Général a vu faire planter. Je viens de tomber, comme les eucalyptus
géants de derrière la municipalitéet le marché que nos régisseurs ont
littéralement rasés ! Certains d’entre eux étaient quasi centenaires se
rappellent du général Lyautey ! C’est lamentable d’effacer ainsi la
mémoire collective attachée à ce patrimoine immatériel. S’ils ont été
sacrifiés, juste pour la vente de leur bois, moi le vieil arbre, tailladé
chaque hiver, méritais-je de partir, sans vivre les mesquineries stupides des
régisseurs contemporains ? Vous me dites, quoi par exemple, comme paranoïa
? C’est une hystérie universelle !
Ce sont des Gouvernements qu’on sabote et qu’on empêche de se faire !
Pour les lubies des tribuns et des parvenus notoires ! Verrais-je les
indélicatesses guerrières de Trump et l’arrogance ethnocidaire de Nethan
disparaître dans la paix et se dissoudre ? Un délire de déments au-dessus
de toutes thérapeutique et qu’on laisse faire, pour l’instant. En fait, ce sont
eux qui font tout faire ! Les nobélisables de la paix ou les criminels de
guerre ? Sont-ce les deux premiers des quatre cavaliers de
l’Apocalypse ?
Mais qui durera encore sous la faux des richissimes vendeurs d’armes ?
Je suis le vieillard. L’arbre malade, le tronc rongé par les parasites et
l’âge. J’ai vu se déverser l’invasion américaine au Gharb et se dérouler la fin
des deux dernières guerres mondiales ! Le plus cruel, ce fut lorsque j’ai
senti, encore conscient, la scie dégager mes dernières racines. Et puis plus
rien. De la fumée, de la chaleur peut-être ? Je pense que j’ai dû chauffer
quelques-uns des ouvriers casseurs de troncs ou cuire d’autres pains. Mais, je
n’ai rien senti pour autant. Je vous laisse arracher les autres arbres de la
rangée pour chauffer vos enfers et réduire l’avenue en une étroite ruelle.
Les prières, les nuages, les images, les films, les amours, la vie, les
actes et les ors, tout passe. Qui en est conscient ? Et quelle serait la
sagesse ou la solution pour mettre fin aux sinistres cynismes et aux
incompréhensibles hémorragies des vies ? Que la vie s’arrête pour mettre
fin à toutes les souffrances ? Afin que nulle personne, nul être, arbres
ou bêtes, n’ait plus à en souffrir ! Demandez aux proies et aux victimes
des abattoirs et à celles des guerres, ce qu’elles en pensent. Et si elles le
savent et qu’elles peuvent et osent le dire ?
Qui verra les feuilles vertes jaunir au soleil couchant, quand les plus
rouges d’entre les plantes éclatent des lumières de la vie, ne sentira plus les
ténèbres de la terre.
Je ne sais pas s’il est important pour Dieu ou que ce soit grave pour Lui
que l’on reste éternellement en vie ? Par définition, la chose créée ne
pourrait être éternelle. Est éternel Celui qui a toujours été et qui toujours
existé, sans être créé. L’homme, cette babiole extraordinaire, a cette tendance
de tenir à la vie et de semer des traces, en plantant des repères pour qu’on se
souvienne de lui. Ce sont des pensées orales que l’on se répète, des œuvres
écrites, des ouvrages d’art ou de maçonneries, édifiés pour qu’on se souvienne
de lui. Mais au fait, c’est pour leur ego et leur orgueil. Qu’est-ce que ça
rapporte aux morts que l’on se souvienne d’eux, en fait ?
Que reste-t-il de ces étoiles ? Ces stars du cinéma, ceux qui chantent
à l’opéra. Que reste-t-il de Stradivarius, le virtuose du
violon ? Qu’en est-il du secret du mouchoir d’Oum Kalthoum, des amours de
ces stars occidentales, des stances des poètes du Moyen-âge ? Qu’en est-il
des mages d’Orient, des philosophes grecs et des conquérants latins, de ceux
qui lisent la Bible et la Thora, de celui qui psalmodie le Coran de dix
façons ? Le plaisir de leurs vies, ou cette espérance dans l’autre ?
Ou des faits e tdes repères pour la culture et la civilisation ?
Même les choses importantes pour l’homme semblent désuètes, futiles,
dérisoires pour ceux qui sont partis. Morts, vous me comprenez ! Je
ne veux pour preuve que les larmes d’Obama à son départ. Je ne veux point
périr, et s’il faut partir, ne pas mourir oublié, semble-t-il nous dire, même
s’il a commis des belles et des pas mûres, lui qui a succédé aux années
abattoir de Bush family ! Je veux rester eternel à vos yeux et ne point
mourir, doit-il confier à Michelle.
A l’inverse, un pimpant inconnu, riche et fier de ses paradoxes xénophobes,
sort de ses gongs dorés ! Il montre ses phanères blondasses et devient de
l’impérialisme l’empereur, l’icône et la caricature ! Le fait de
supporter et de pousser d’aucuns sur le reste de l’humanité soumise, dans les
camps concentrationnaires, lui semble un apartheid de choix ! L’ethnocide
pour les colonisés, faute d’allumer l’holocauste, pour ne pas faire dans le
révisionnisme, il le refuse ! Il tance par plaisir et pour frimer la paix
fragile, comme il flatte l’arrogance de ses pairs. Il laisse libre cours à la
pauvreté et aux maladies des plus pauvres des siens, il ivre à la fermeture les
frontières et les entrés dans son pays. Ne sont-ce pas les graines et les
semences des guerres ?
En attendant, les arbres bruissent en réponse aux oiseaux. Se
comprennent-ils, comme nous autres, ou jouent-ils entre chiens et chats ?
Ache jabkeôu le baôu ? Déçu de sa petitesse, déprimé par la pauvreté,
l’ignorance, la taille ou la vieillesse, Ulysse, surfe sur sa barque dans les
mers de l’ogresse. Il entend des voix de sirènes qui l’ensorcellent et demande
qu’on l’attache au mat, pour ne pas leur céder. Que signifie cette allégorie et
cette explication. Les héros grecs détestent les arrivistes, même s’ils sont de
l’Amérique, les ignares ingrats ou les présidents !
Les longueurs d’ondes et les sons qu’on ne voit ni entend, existent certes
pour les physiciens. Vous les utilisez sans relâche et sans les distinguer. Et
pour la métaphore, ceci aussi. Si les arbres de ce jardin botanique frémissent
et que leurs feuilles palpitent en symbiose, et s’ils se parlent sous la
houlette du vent, je vois par contre des politiciens, la mine hautaine, narguer
les races, les cultures et les religions ! Et ils refusent, selon la même vindicte
instinctive, et manu militari, de comprendre ou de s’entendre avec cet autrui,
les autres pays-nations du globe.
Nés des tribus antiques, dans les langues illustres et célèbres des livres,
fiers de leurs appartenances ataviques, ils veulent leurs identités
supérieures ! Les nations éminentes, font la mine hautaine, l’estime de
leur soi est bien hypertrophiée. Près de nous, sur la même lignée d’arbres
tronçonnés ou pas, il est des cas cliniques, à découper au cutter ! A
l’instar des métiers où l’on voit des pontes de bas étages, goulus,
insatiables, véreux et omnipotents, on les voit traiter les usagers comme des
moins que rien. Ainsi est-il de cette richissime et hautaine rapace, Madame
Samedi. Une effrontée, thérapeute de nom, véritable matrone qui se veut
supérieures aux autres dans son matérialiste métier…de mercenaire. Oui, je
parle des marchands d’armes et de ceux des âmes. C’est de la même intention.
Ils ont la lumière des sciences, du pouvoir ou des finances ! Qu’à cela ne
tienne, de père en fils, ils font et défont les rois.
Les arbres, selon la même parabole, respectent leurs places. Les hommes les
déracinent. Tout ce qui existe est à la merci des frasques de l’homme. Pour son
usage, il arrache et tue. Il envahit et prend. Il soumet les peuples et les
états aux invasions, les femmes aux rapts et à l’esclavage.
Regardez Boko Haram et les jeunes femmes, ça fait pitié ! Puis cet état dit
islamique, devenu renégat, monté de toutes pièces par l’impérialisme, dit-on,
alors que celui-ci avait directement dépecé leurs chefs et leurs pays. On s'en
souvient ! Ils les prennent pour du bétail, sexuel, les gueux ! Sans respect,
on prend à outrance, on vole, on tue pour prendre la place et les biens des
alter égos, haïs et minorés ! Ça se voit dans le commerce, dans les
relations sociales et en politique, la locale comme la mondiale. Et c’est plus
qu’assez pour croire à ladite humanité, malmenée par elle-même et
terrorisée.
Cela fait pitié et peur !
DR IDRISSI MY AHMED