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27 décembre 2014

PROPOS SUR LES CLINIQUES Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Santé à propos des Cliniques libérales*,







 PROPOS SUR LES CLINIQUES 
  
Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Santé à propos des Cliniques libérales*,  

A propos des risques de l’ouverture du capital des cliniques libérales aux frasques potentielles des entreprises financières non médicales privées.  

 
Je lisais ce matin sur Al Bayane en première page, ces titres : ‘’Empêcher quiconque d’autre, de décider à votre place’’. Et plus loin, ‘’Les dérives de la gestion des agréments’’, sont monnaie courante. 
Doit-on faire marche arrière quand on roule en sens interdit, ou stopper prudemment, en signalant son erreur? 

 
Aujourd’hui, c’est une affaire de stade qui ayant coulé sous les eaux a cloué un ministre sur le pilori. On ne voudrait pas que la Santé fasse demain les choux gras de la presse ni qu’elle alimente de malaises et de turbulences sociales les plus insanes et les moins assagis. 

 
En matière de santé, il y a ses propres idées de professionnel qu’il est naturel qu’on défende, face aux moyens disponibles et aux besoins tel que identifiés. En naissent des programmes, parfois divergents, selon les temps et leurs géniteurs. Des décisions et des réalisations que l’on peut réaliser, grâce un budget donné. Il y a aussi toute une culture de dialogue et d’avis contraires, pragmatiques, parfois idéalisés, nés de l’exercice face aux contraintes, mais aussi de la bonne connaissance des idées nobles des confrères, mais aussi des idéaux, voire des médias et de la presse. Seulement l’ampleur des dégâts et des insuffisances, étalés sur  plusieurs décades, l’ambition de les soulager, les immenses besoins, stimulés par l’ouverture des nôtres aux progrès et aux prestations techniques médecine, laissent perplexes sur ce qu’il fait faire pour la population.  

 
L’idée de la création des Polycliniques, par les syndicats, n’est pas mauvaise en soi. Il faillait juste les diriger par les professionnels de la Santé Publique et les élargir aux CHU, afin d’y loger, par exemple les spécialistes épris de TPA… 

 
Vouloir développer le secteur privé, afin d’aider le Ministère de la Santé à combler les déficits sanitaires, est un devoir, qui se conçoit. Il fallait juste le faire avec des gens dûment diplômés et habilités le faire, depuis toujours et de par la loi. Les médecins sensu stricto, les médecins, seulement. Dénigrer ces professionnels qui ont passé leur vie à se spécialiser et au service de l’état, avant de lancer des cliniques, souvent en association, négliger de leur nombre, de leurs poids, de leurs compétences et leurs apport est injuste, inqualifiable et désolant.  

 
Cette posture, ce dénigrement sont dissuasifs et peuvent tronquer toute envie de faire de la médecine son magister et sa profession. C’est l’estime du métier qui pousse les jeunes à se dépasser, pour y accéder. C’est un mauvais exemple pour les futurs médecins qu’on désire stimuler par le mériter et dont le pays, comme vous dites, a  grand besoin. Pareillement, sa moquer des gens et changer la Loi, par complaisance pour imploser ce secteur et le remplir de non-médecins est une connivence, une malversation du droit et des droits. Ces machiavéliques manipulations, dignes des apprentis sorciers, bouleversent les données et pèchent par concussion. Elles montrent, que par delà la morale et l’éthique, on n’hésite pas à obéir aveuglément aux détenteurs des capitaux, sans équité ni respect pour les ayant-droits. 

 
Les médecins sont les professionnels qu’il fallait encadrer, pour répondre à vos besoins ! Les diriger, investir votre ministère auprès d’eux, c’est leur trouver des financements bancaires, voire des terrains, faciliter leur accès naturel au matériel, sans taxes à l’achat, afin d’équiper leur cliniques. Quitte à dégrever des impôts indirects leurs instruments et leurs machineries. Spécialement si ces médecins privés optaient pour les zones démunies et celles de vos suggestions et votre choix. TVA et Taxe de Douane, soit 37 % des charges, représentent un frein sur l’équipement. Ce sont des impôts indirects qui grèvent l’accès des malades aux soins. On vous l’a tellement ressassé, Excellence, que vous en restez le leader récipiendaire et l’ultime avocat devant le Gouvernement et sous les directives de SM le Roi. Ces taxes, prébendes sur les souffrances, sont des meurtrissures, des entraves sur le tractus des soins. Des maraudages publics, insensibles et inconscients, prélevés sans justification éthique socialiste, libérale ou musulmane. Cette arnaque, entrée dans les mœurs sont  comme la taille et gabelle, les arnaques d’un moyenâgeux servage. C’est un autre grand dossier qui vous attend et dont vous connaissez le fond. Les taxes, comme vous dites, sont iniques et ce ne sont que les malades qui les paient à la fin !  

 
De la médecine coloniale à la médecine des pauvres, des techniques nouvelles aux nuisances de la médecine traditionnelle, perverties par l’ignorance et le besoin, dans des pratiques populaires, les tranches pauvres des nôtres, comme les couches les plus aisées, valsent des tangos, à contrecourant, dans ce continuum technique  temporel. Entre les doléances et les erreurs, ces prestations et ces pratiques, sont largement perverties. Il ne faut laisser personne décider à votre place, Excellence, ni vous pousser en temps que commandant de bord, à saborder la santé privée et naufrager ce bateau en haute mer !   
Demain, on cherchera les responsables de la coulée la médecine sous les intempéries, les appétences et les intempérances. Dans votre souveraine odyssée sanitaire, le chant de ces sirènes du stupre, ne doit pas hypnotiser vos conduites du Réanimateur de cette Santé publique. Votre magistère universitaire ne doit pas noyer, votre Second du libéral, ni votre équipage.  

 
Parce que la Santé Publique n’aurait pas les moyens de mieux faire, voici qu’à contre-courant, elle veut, elle tient à élargir ses horizons aux capitaux privés non-professionnels ! Le ministère veut plonger la Médecine Libérale arraisonnée, puis réquisitionnée, dans le trou noir aspiratif, d’une nébuleuse aux moyens astronomique invincibles ! Un dictat ennemi ? Si ce n’est pas un décret intempestif directement contraire à tous les médecins, c’est une bavure sur ce corps de métier. La Santé veut avilir et appauvrir ses hommes, ses troupes historiques. Le Ministère de la Santé requière de les priver de leurs offices naturels, de leurs débouchés légitimes, ce pourquoi ils avaient fait de longues études, entre autres, plutôt qu’un commerce lucratif secret, pluri-milliardaire ! Le Ministère veut les punir simplement ! Les investisseurs pousseront leurs ouvriers et agents médecins au couperet et carcans du seul profit. Ces super-cliniques du capital patronal exogène seront soumises aux seules obligations et lois du lucre. 

 
Ainsi tout se passe comme si du jour au lendemain, on a décidé de vendre la médecine aux plus offrant. C’est la solder, devant la brillance des mercenaires, la leur livrer, parce qu’on ne peut ni la gérer ni la satisfaire. La dévoyer, la pousser au stupre et à la luxure perverse du commerce des chairs ? A ces vampires ? Non ! Simplement à ces virulents financiers et corrosifs commerciaux auxquels on ne pourra jamais oser dire ‘’ d’où as-tu eu cela, avant de venir l’investir’’? Ces commerçants, purs et durs, seront par définition bien plus âpres au lucre que ne le sont les cliniciens élémentaires ! C’est ce qui les amène par définition à investir et il n’y aucune honte ni méprise à cela. Alors, que ces chirurgiens locaux des cliniques privées, sont traités de matérialistes sans vergogne et sans cœur.  

 
Cette aventure que le ministre de la santé se propose de mener au Maroc est un pis-aller. C’est une liquidation ciblée du deuxième secteur. Cette vocation n’est pas un essai avec possibilité de s’en échapper et de se refaire. La Santé Publique, une fois offerte sa moitié Privée au harem des milliardaires, sera avachie dans cette forclusion. De cette noce bacchanale, elle ne pourra plus s’en détacher. Et les services du ministère de la Santé déchanteront, inermes, devant ces superbes investisseurs ! Ses ministres et inspecteurs entreront dans la pratique usuelle et la superbe des usuriers, sinon dans le syndrome de Stockholm.  
Les malades, comme les médecins, déjà n’ayant plus de voix devant ce sinistre désastre, n’auront plus personne pour pleurer leur malheur.  

 
Demain, le ministre sera appelé à d’autres fonctions et il ne pourra que complaire à leurs tristes sorts.  

 
Sans un budget hardi et conséquent, pour ses ambitions de couverture médicale, la Santé Publique, ne peut qu’offrir ce qu’elle a de plus précieux. Le Ministère se détachera de ses biens. Il ôtera ses dessous privés pour plaire aux vainqueurs. Déshabillant de la sorte son secteur libéral, il l’offrira comme une dote aux conquérants friqués et aux repreneurs. 

 
Comme on avait fait pour les cliniques CNSS, à leur innovante création d’hier, ou à régies autonomes, hors loi et hors secteurs, les services privés, seront vendus. Livrés comme autant de repères secrets, des labyrinthes, qui clouent au silence leurs clients. Les cliniciens libéraux, sur leur chemin de croix, verront le ministère tuer ce qui restait de secourable dans ce créneau humanitaire. De la Santé Publique, on attendra une nouvelle résistance, dans 54 ans ! Un sultan libérateur, pour délivrer le peuple humilié de par ses nouveaux colons et prédateurs !  

 
Offrande létale, ce sacrilège est un naufrage. Vous ne pouvez nullement savoir ce que cela donnera comme dégâts, dans dix ou douze ans, que cette expédition libératoire de la Santé dans la jungle des affaires. Que deviendra la Santé, là, soumise aux affres du 1er des pouvoirs, le pouvoir financier, qui se tapit dans le glauque pouvoir bancaire ? C’est sur le lit de la résignation des siens, des incompétences, des concussions, une véritable orgie. Cette immolation sur l’autel sacrificiel est vouée aux faux prophètes. Cette reddition du Ministère de la Santé sera-t-elle une nouvelle mise sous le protectorat, par le digne fils de Ben Abdelkrim Khettabi ? Si le parallèle est osé, je ne le pense pas, vue mon estime pour Le Professeur. 

 
La médecine, avec son esprit altruiste qu’on devait remettre préséance et en valeur, est né de la pensé des philosophes et de l’Eglise, et non des pugilistes de parmi le souk des richards et leur cirque des milieux d‘affaires.  
Ceci n’est pas un diagnostic, mais une prière au ministre, voire une exhortation au Souverain.  

 
Nous avons, dans notre histoire et nos humanités, connu les apports des hellènes et l’essence des civilisations d’Extrême-Orient. Cette alchimie a fécondé les expressions identitaires de tous les pays de la région. Culte, philosophie et magistères ont illustré notre engouement pour les valeurs humanistes de notre large nation. L’histoire et la science européenne, ont pendant longtemps été nourris de notre sens de cette médecine-là. Les valeurs morales contenues dans nos idéaux religieux n’ont rien d’inférieur aux valeurs universelles actuelles. Celles des droits de l’homme dont on se targue tant ailleurs et qu’on se vente de suivre et d’appliquer, de novo, chez nous. Alors qu’on s’en nourrit encore. 

 
Aujourd’hui, il nous semble nécessaire de faire le point moral sur nos actions sanitaires. Les progrès se font, même si les hommes sont imparfaits et que leurs actes restent à parfaire. Nous ne sommes pas des nihilistes feindre le contraire,  refuser de reconnaître l’étendue de nos progrès ou ceux des technique modernes, initiées par nos anciens protecteurs. Malgré nos moyens, l’Etat veut offrir à la population une médecine meilleure. Vous avez formé, Excellence, bien des médecins et vous en réussirez encore beaucoup d’autres. Adopter les avancées des techniques des coopérants est une ouverture salubre des meilleures. Nos lauréats, ainsi formés nous coûtent cher. Il est indispensable d’en former encore plus pour satisfaire nos besoins. Et leur laisser par la même, le champ libre et les encouragements, l’espace pour agir, avec sécurité pour leur crédits bancaires et leurs investissements, afin d’innover dans leur secteur éclectique et de lancer de nouvelles cliniques.  

 
Aussi, faut-il s’astreindre à les former ici, pour qu’ils ne se dissipent pas. Plutôt que dépenser dix fois plus ailleurs et n’en former que dix fois moins. C’est au niveau des facs et des hôpitaux universitaires que doit se consentir l’effort de l’Etat. Quitte, Monsieur le Ministre, à solliciter des crédits importants aux fonds internationaux, afin de faire de la Santé Publique et de ses hospices, cette pièce maitresse, ce moule des valeurs médicales et des doctrines universitaires.  

 
Si vous soldez un secteur sensible, dans votre emportement, sous le poids des effluves du moment, ou sous des  tyranniques de l’extérieur, si vous bradez la médecine libérale au mercantilisme ambiant, les dépassements n’en seront que plus sévères qu’ils ne le sont entre les mains des médecins eux-mêmes ! Tous secteurs confondus. Vous le savez, parlant des prix des actes, on sait que c’est le blocage des tarifs de l’AMO, qui les a poussés aux noirs dépassements. 

 
Alors deux directions, deux solutions s’offrent à cet état des choses. La rééducation des ces professionnels qui travaillent, tous secteurs confondus, dans l’erreur. Et la préservation de leur métier et de leur profession, loin des appétits voraces que l’on sait des entrepreneurs et autres assureurs. En effet, ce serait triste et attentatoire que l’illustre et méritoire disciple d’Abdelkrim du Rif, cède les cliniques aux profiteurs. Céder le secteur Libéral à ceux nés du kif, comme à ces aventuriers, évadeurs des fortunes et prévaricateurs, qui les blanchiraient dans les blouses blanches !  
Le Ministère saura-il s’entourer de garanties suffisantes ? Sinon, demain ce sera sans doute, la révolution de tout le secteur libéral. La Bérézina de ces gens connus pour leurs réserves, leurs civilités et leur civisme.  

 
Qui plus est et par la suite…Les professionnels des cabinets d’avocats, ceux des bureaux des architectes, les comptoirs de pharmacie, se révolteront quand s’ouvriront contre eux et leurs intérêts, pareillement que pour les cliniques privées, une opération de vente aux investisseurs non diplômés ! Ils seront déstabilisés eux aussi par ces néo-grandes surfaces. Des commerces qui les supplanteront, financés par des Bouchokara. Ou pire, par des capitaux anonymes, issus de l’étranger, qui leur rafleront leurs commerces et leurs mises.  

 
Parlant  de ces ET, il est sûr que leur poids politique, que leurs moyens financiers soient dissuasifs. Comme il est certain que leurs projets suscitent des privilèges et des lois. S’ils ne sont pas les directeurs de conscience de ceux qui innovent ces pérégrinations et façonnent pour leur usage des lois sur mesure qui décimeront les cliniques libérales privées actuelles !  

 
Leurs prétentions d’apporter des tarifs minorés, ou de pratiquer leur exercice dans les zones, dites non médicalisées du territoire, ne sont ni sûres ni certaines. Venant de leur part, ce serait un non-sens économique, antinomique de leurs réussites capitalistes et de leurs éventuelles prestations !  

 
C’est absurde et c’est un abus de confiance, une tromperie, qui au prochain changement ministériel, rabattra ses vraies cartes ! Vous ne serez pas là, pour en vérifier la tenue ni le cahier des charges. En votre âme et conscience, une fois loin, vous ne pourrez tenir parole ni rassurer. Encore moins diriger leur volonté de puissance et leur suprématie, leur pratique à outrance, dans ce Secteur, qu’ils auront ainsi usurpé et ravagé.  

 
Et on sait que devant la maladie et les douleurs des leurs, les familles se sacrifient et se ruinent. Ils en seront les victimes propitiatoires, surtout si vous leur offrez, complexe du colonisé oblige, les services d’un blanc, européen !  

 
Ces ‘’invasions fiscales’’ coloniseront et mettront en servage les patients du secteur libéral. Il est juste d’appliquer dès lors, le même comportement légaliste. Vous ne formez pas les médecins, pour les voir chômer ou être aliénés par les autres secteurs, Excellence !  

 
Vous ne pouvez pas rester hypothéqué, Excellence, l’obligé de ces valeurs antisociales. Ces contraintes, impérialistes à outrances, sont contraires aux valeurs de votre illustre Parti qui est d’essence socialiste. Elles renient celles du Parti de la Justice du gouvernement Benkirane, qui s’honore de vous.  

 
Monsieur le Doyen, vous ne devez pas subir les menées antinationalistes, les pires qui soient, de ce colonialisme prédateur des malades. Si nimbé soit-il de promesses techniques, il ne représente qu’un pis aller, un placebo, au mieux, un masque qui veut faire le rapt du secteur médical libéral.  

 
Méfiez-vous, monsieur le professeur, et protégez le Maroc d’un faux pas du Ministère, qui nous ternirait tous !  

 
Leur argent, s’ils ont en trop, serait plus averti et mieux inspiré en infiltrant le tourisme, ou en investissant les commerces légitimes ou l’industrie pro-africaine.  
Méfiez-vous, immunisez-vous, contre ces lobbies d’import ou d’essence locale. Il nous choque de vous voire vous affaisser, là-dedans, cher Professeur.  

Dr Idrissi My Ahmed, Kénitra, le 26 décembre 2014 


Quid du Dr Idrissi ? 

Ancien délégué de la corpo estudiantine unémiste des années 66, à 70 berges, je n’ai ni l’intention ni les moyens physiques ou matériels de créer une clinique. Encore moins de craindre la concurrence des riches pétroliers et assureurs ou banquiers qui veulent se lancer à la conquête du désert sanitaire pour pomper plus de fuel ! Combien même l’Etat, ou dans le rêve le père Noël ou le Roi m’en donneraient les moyens ! Tout en respectant le Parlement, je dis qu’il a acquiescé trop vite les textes de loi et les thèses du docteur Louardi. Ce respectable réanimateur socialiste avait pris le relai de maître Baddou, en vue de privatiser les cliniques médicales. Superbe révolution contre l’ordre médical établi. Ce, afin d’ouvrir le capital des cliniques aux tout-venants, aux investisseurs non-médecins. Alors que ces créations furent de tous temps réservées aux seuls médecins. Ceci représente un gâchis envers leurs droits professionnels logiques et leurs privilèges acquis. J’étale ici publiquement encore mes appréhensions. Toute innovation est une hardiesse qui choque et bouleverse les habitudes. Aussi convenable soit-elle aux mœurs des pratiquants. Mon appréhension est d’ordre éthique et j’ai peur, très peur pour l’avenir de notre santé et spécialement pour l’engouement médical et la place sociale, demain, de nos meilleurs et studieux lauréats. Point.  

25 décembre 2014

LE STADE, OUZZINE, BENKIRANE ET NADIR, QUID DES RESPONSABILITÉS


« Bonjour et bonnes fêtes, dans la paix, à tous.




LE STADE, OUZZINE, BENKIRANE ET NADIR, 
QUID DES RESPONSABILITÉS ?


Je ne sais pas ce qu'aurait rétorqué Plékanov à cette admirable analyse du Pr Nadir Yata, faite mûrement à posteriori. Lui, cet activiste au pseudo communiste, si féru du forum et si interactif face aux éléments.

Réponse à un article de Nadir Yata de ce 24 décembre 2014 sur www.lnt.ma
http://lnt.ma/blog/fahd-yata/

Vous dites,  '' passivité inadmissible ''. N'est-ce pas une retenue tactique, si rare en fait à notre époque ? Une précaution sage chez Benkirane, lui qui est d'habitude aussi prolixe que véloce ? Si les autres partis de cette coalition remixée, dont le PPS de feu Si Ali Yata, sont restés précautionneux, après le conseil du gouvernement, n'était-ce pas pour laisser au Roi l’opportunité d’assumer son rôle arbitral ? Lui, qui est le vrai et royal ponte de ce Gouvernement, qu’on incrimine pour des vertes et les pas mûres. Quitte « à faire manger de l’ail par la bouche* de Benkirane».  

Vous dites, " C’est par les réseaux sociaux, également, que le Souverain choisit de communiquer de façon aussi crédible que non officielle, notamment lorsque sa photo ou ses activités apparaissent sur les « walls » ou les pages virtuelles de citoyens marocains. ". Ah ! Est-ce si sûr que ce soit le choix du roi de taguer ainsi sur les murs ? Lui, qui est sensé s’occuper des cas extrêmement sérieux avec le moins possible de ludisme ? Si ce sont des ballons-sondes, leurs informations tronquées ou amusées, peuvent porter à confusion. La médiatisation, c’est plus professionnel pour les sujets sensibles, afin de ne pas laisser sombrer les véhéments royaux  dans les batifolages. Légers ou frivoles, il ne faut pas négliger néanmoins de leur importance et de leur ouverture, quasi libre et universelle.

Je vous suis quand vous dites, ‘’C’est par les réseaux sociaux que les services de communication du Palais royal prennent le pouls de l’opinion publique. ‘’ A tout seigneur tout honneur ! Et les voies du Seigneur sont impénétrables ! Sauf qu’on ne peut pas dire que c’est à la vue des walls que le roi serait sorti de sa réserve pour sauver le gouvernement de coalition, voire et la tête de Benkirane. La stabilité du pays, en pareille phase, sa réputation de quiétude relative pars les temps qui tournent, ne souffrirait pas, ne supporterait guère, le yoyo d’élections avant terme!

Vous dites, ‘’ Le patron du PJD a pêché par légèreté et manque de discernement politique, ce qui, en principe, est interdit à tout homme d’État. ‘’ Sauf que, à mon sens, aller à la va-vite et suspendre derechef un ministre, suite au brouhaha de la toile et aux voix des hooligans du stade, aurait été une erreur, une reddition, une bavure, un tsunami.

Sans vouloir, pour ma part, incriminer avant la fin de l’enquête, (décidée immédiatement par SM le roi), et sans jugement Ouzzine, c’est pécher par excès ! Sans vouloir défendre d’office Benkirane, je salue cette retenue totale de son gouvernement cosmopolite. Elle est pour moi, un point positif. Une maturité, acquise avec plus de discernements et de gouvernance pour ce Benkirane, qu’on veut conspuer. S‘emporter de sa part, aurait été le fait du quérulent chef de parti qu’il fut, et son défaut aussi !

Assagi, il n’aura fait qu’acte de préséance et non de fracassant emportement. Laissant la juste rancœur sur sa faim et à la honte bue, son dévolu sur l’éthique froide, qu’il faut observer dans de pareils cas ! Il réservait ainsi, contre vents et marées, à la Justice sa liberté entière et son pouvoir de sanctionner. Loin des foules qui pendent aux arbres des twitts douteux les impétrants, le Roi, encore une fois, usait de ses préceptes de son privilège arbitral, pour ôter Ouzzine de ses fonctions. Quel mal y a-t-il à le déférer, cet Ouzzine, devant la justice et à différer nos instincts punitifs et nos revanchards jugements ?

Lui, Benkirane, en ténor es-qualité du Parlement, est tels ces leaders défunts, dont on regrette la prestance, le bagou et l’éloquence, est devenu soudainement zen. Lui, qui fut si intempestif avant de porter la cravate du pouvoir…

N’oublions pas le struggle des titans auquel s’est livré notre truculent Chabat, ses diatribes amusées et opportunes, ses ânes de mardi gras et ses coups de poings sur la face du…Parlement. La galerie s’était largement gaussée ces inepties. On se rit de nos fadaises ! Encore, encore dit une voix au plus profond de moi. Vous êtes bien payés, messieurs, amusez-nous au moins, quand vous êtes là.

Et le large gouvernement de sauvetage et de replâtrage, en fut la lourde conséquence. Nous risquions de donner un portefeuille, à chaque adhérent des partis ayant réanimé ce gouvernement de mutants. Alors, pour une fois, qu’ils sont d’accords ces Partis, laissons leur l’heur de travailler.

Non, Monsieur Yata, sauf votre respect, Benkirane, tel Moïse et comme Noah, a sauvé des eaux son gouvernement. Sauver son radeau du torrent ! C’est ça la politique, je crois.

PS : Si je fus unémiste dans les années 66, je ne suis pas du PJD, parce que dans ce texto, je défends telle réserve de Benkirane ou telle prérogative. Ni affilié à aucun de ces 35 Partis qui me donnent le vertige et dont je ne peux, comme eux d’ailleurs, réciter de  tous leurs noms !

Dr Idrissi My Ahmed, Kénitra, le 24 12 14

http://lnt.ma/blog/fahd-yata/


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VOICI LE CONTENU DE L ARTICLE
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LES LEÇONS D’UNE SUSPENSION : OUZZINE, T'ES FOUTU !

24/12/14 publié par LNT



C’est avec une déception certaine que l’opinion publique a pris connaissance du report des attendus et conclusions de la commission d’enquête sur les responsabilités du lamentable scandale du stade Moulay Abdallah. « L’affaire Ouzzine » est sur le devant de la scène depuis le samedi 13 décembre et ce report donne à croire que certains voudraient « noyer le poisson dans l’eau de la pelouse » du stade r’bati. Dans certains cercle dirigeants, on estime sans doute qu’une décision sous la pression des réseaux sociaux et d’une partie de la presse (dont notre journal qui publiait dès le 16 décembre un éditorial sous le titre « Ouzzine, dégage »), ne serait pas appropriée… Mais, nonobstant ces prochaines conclusions et quelle qu’en soit la teneur, plusieurs constats définitifs peuvent être d’ores et déjà établis.
Cartons, rouge pour Ouzzine, jaune pour Benkirane…
 Premier constat, Mohamed Ouzzine, ci-devant ministre de la Jeunesse et des Sports, suspendu de ses fonctions par décision royale, a désormais sa carrière ministérielle et même politique derrière lui ! C’est fini pour Ouzzine car, même s’il était blanchi de tout comportement délictueux dans l’affaire du stade Moulay Abdallah, il est, moralement et politiquement, le premier responsable de cette « chouha » planétaire ! Il devra en assumer les conséquences et la décision de sa suspension n’est que l’annonce de sa déchéance prochaine. D’ailleurs, son parti, le Mouvement Populaire, qui a songé, un moment, à prendre sa défense, a prestement battu en retraite dès la publication du communiqué du cabinet royal annonçant sa mise à l’écart du Mundialito. Mohand Laenser, tardivement certes, l’a officiellement lâché, le mardi 23 décembre devant le forum de l’agence MAP, en présence de tous les représentants de la presse nationale.
Second constat, si la décision royale n’est que suspensive, c’est parce que le Roi, respectueux des pouvoirs constitutionnels qui lui sont dévolus, n’a pas voulu aller au-delà des dispositions du texte du 1er juillet 2011. La Constitution confie au seul chef du gouvernement la possibilité et le droit de demander au Souverain la destitution d’un membre de son équipe. Abdelilah Benkirane n’ayant pas pris la mesure et l’ampleur du scandale déclenché par Ouzzine et les siens, ergotant et tergiversant pour préserver l’unité de sa coalition, le Souverain a ordonné la suspension du ministre Ouzzine et la constitution d’une commission d’enquête, ce qui entrait strictement dans les pouvoirs constitutionnels du Chef de l’Etat.
Mais, troisième constat, cette décision du Souverain résonne comme un arrêt de mort pour la carrière politique de Mohamed Ouzzine car on imagine mal Abdelilah Benkirane prendre le risque de maintenir un tel homme à son poste ministériel après l’expression si évidente de l’ire royale ! De là découle sans doute le quatrième constat qui démontre à l’évidence la grave faute politique commise par le Chef du gouvernement en cette affaire. Soucieux de ménager ses alliés, peu inspiré sans doute par les affaires footballistiques, Abdelilah Benkirane a raisonné en tant que leader politique, chef de parti, mais non en tant que chef du gouvernement. En choisissant de préserver sa coalition fragile parce que constituée de bric et de broc, il en a oublié le fait gravissime que le scandale du stade Moulay Abdallah pouvait démontrer à la face du monde entier l’incapacité du Royaume à accueillir des grandes manifestations sportives internationales. Le patron du PJD a pêché par légèreté et manque de discernement politique, ce qui, en principe, est interdit à tout homme d’État.
Communication politique, les nouveaux paramètres
Ce qui nous amène au cinquième constat qui énonce que l’impair de Benkirane l’a sérieusement fragilisé au plan politique. En effet, il a donné à tous les citoyens, l’impression d’un manque de réactivité, mais surtout de son refus d’assumer tous les pouvoirs constitutionnels qui sont les siens, laissant ainsi la porte ouverte à une décision royale de suspension qui a profondément rassuré et rasséréné l’opinion publique, meurtrie par cet grave faute ministérielle. Benkirane, ainsi, s’est mis à la traîne du Palais, apportant la preuve qu’il n’avait pas l’initiative et confortant par là même tous les Marocains dans la conviction que seul le Roi pouvait effectivement faire montre d’autorité, de réactivité et d’écoute des sentiments populaires. Cela induit donc le sixième constat qui veut que désormais, le rôle d’intermédiation politique n’est plus assumé par les partis qui s’agitent sur la scène publique. L’opposition a fait le minimum, par principe, en sautant sur l’occasion d’enfoncer encore un peu plus les partis de la majorité et le gouvernement. La coalition de formations alliées au PJD, quant à elle, a fait montre d’une passivité inadmissible et le RNI comme le PPS et le PJD auraient dû, dès que le scandale a éclaté, réclamer publiquement la destitution d’Ouzzine. Il n’en a rien été et ce laxisme coupable sera, très certainement, à inscrire au passif du bilan gouvernemental le moment venu. Les citoyens, en effet, en voudront plus à Benkirane et à son équipe d’avoir voulu étouffer l’affaire du stade Moulay Abdallah que d’avoir libéralisé le prix des carburants ! Le cours de l’or noir sur les marchés mondiaux ne dépend pas du gouvernement, mais fermer les yeux sur un scandale d’Etat, une atteinte profonde à l’image internationale du Royaume, voilà une erreur stratégique qu’il faudra payer et assumer le moment venu…
Enfin, septième et dernier constat, si les partis politiques ont failli dans leur mission institutionnelle et constitutionnelle d’expression des sentiments populaires et d’encadrement de l’opinion publique, ils sont aujourd’hui remplacés dans cette action par les réseaux sociaux et une partie de la presse indépendante, écrite et électronique. C’est par Facebook, Twitter et autres YouTube que passe désormais la volonté dénonciatrice d’une grande partie de l’opinion publique. C’est par les réseaux sociaux que les services de communication du Palais royal prennent le pouls de l’opinion publique. C’est par les réseaux sociaux, également, que le Souverain choisit de communiquer de façon aussi crédible que non officielle, notamment lorsque sa photo ou ses activités apparaissent sur les « walls » ou les pages virtuelles de citoyens marocains.
La viralité de ces réseaux est telle qu’ils sont désormais le vrai canal de communication et d’expression, le siège des revendications et des dénonciations. Le Roi et le citoyen lambda l’ont parfaitement compris, la classe politique quant à elle, en est encore à organiser des conférences de presse et à envoyer des fax aux rédactions !!! On dira donc, en conclusion que « l’affaire Ouzzine » est aussi salutaire qu’exemplaire pour la nouvelle donne institutionnelle et politique introduite par la Constitution de 2011. Grâce au Roi Mohammed VI, en effet, le principe de la responsabilité et de son corollaire, la reddition des comptes, ont enfin trouvé un début de concrétisation. Grâce aux réseaux sociaux et à la réactivité citoyenne, les scandales d’État ne peuvent plus être étouffés. Et, last but not least, il est quasiment acquis désormais que tout responsable public, quelle que soit la hauteur de ses fonctions et responsabilités, est comptable devant l’opinion publique de ses actes, décisions et jugements, personnellement et pour ceux de ses subordonnés. Le Directeur général de la CDG, celui de la CGI et M. Mohamed Ouzzine en sont les preuves patentes !
 Fahd YATA














22 décembre 2014

'' Ouzzine ou les leçons d’un limogeage annoncé'', point de vue du Dr idrissi My Ahmed

 Expliquez-moi SVP.


M. Plékanov, vous disiez hier sur www.quid.ma/














 « Je ne sais si ces sacrés Français qui qualifient de "navet" un mauvais film, ont un terme semblable pour désigner un mauvais article à l'allure d'une histoire où la mauvaise foi est le personnage principal »

Sincèrement M. Plékanov, je n'ai pas compris le lien entre les '' points précis '' apportés par l’article, voire ses suppositions, et votre diagnostic de "mauvaise foi" attribué à ce même article de Rerhaye, (Libération, Quid.ma du 21 / 12/ 14).

‘’Mauvaise foi’’ de qui ? Vous semblez y railler Rerhaye. Son article se laisse lire, elle est dans l’opposition. Elle n’a pas à encenser dedans Ouzzine, Benkirane ou son gouvernement. Alors, ‘’Mauvaise foi’’ de Benkirane, d’Ouzzine, du Gouvernement, des Partis, du façonneur de stade, ou simplement de cet article-là ? Est-ce lui, ce récit-texte, qui est un navet ou le film du Mondialito et de son héraut et navrant stade lacustre de Rabat ?

Comment faut-il critiquer ou féliciter la ''prudence'' observée par Benkirane ? Il a su et il a pu éviter de trop parler, comme on l'y attendait, lui l’homme au bagout sémillant, palliant par là un clash, que tous ses adversaires lui auraient collé sur le dos.

Il a laissé, ou pas, le front médiatique grossir, librement, démocratiquement, sans se prendre pour '' la Justice'' elle-même, ni sanctionner à la hâte un ministre. Un chouchou du MP confédéré, qui n’est guère isolé ni connu comme un malfrat ! Un wait and see habile et circonspect de Benkirane, qui touché par tant de malheurs, a comme bénéficié d’une grâce diplomatique ! Un geste du destin, un geste du summum de la responsabilité royale qui est non critiquable, par-dessus le marché.

J'observe qu'il n'y a pas eu trop d'effets collatéraux, et ce, nulle part de plus que sur le Web. Les autres, Partis et Leaders, qu'ont-ils pondu ou manifesté autrement, visiblement et bravement ? Où se tairaient-ils ? Dans quelle rue et sur quels médias ?

L'aquastade est humiliant, certes ! Fallait-il y jouer ce match, un jour où il pleuvait des hallebardes ? De qui dépendait la décision de le voir ainsi mouillé et d’y laisser les ‘’tracteurs y œuvrer’’ ? Les joueurs l’ont sillonné, raviné et cela un jour pluvieux. Alors que ce stade n’aurait pas fait ses preuves. A commencer par celles des eaux ! Ont-il pensé, les façonneurs-fauteurs, à y faire faire une épreuve des eaux ? N’est-ce pas ? On est dans un pays chaud, habitués à jouer à sec et quand il fait beau. Le dernier des fellahs n’oserait pas travailler des jours pareils, dans ses propres champs. Mais, allons par devant.

Peuple et médias ont déjà jeté leurs dévolus sur le Ministre et responsabilisé le Ministère de la Jeunesse et ses fournisseurs, par un cri généralisé et strident devant le Roi. Même s’Il est loin, Il sent et Il voit. C’est un abus de confiance majeur !

Le Roi, est le vrai et ultime puissant Chef de l'Etat. C'est SM qui avalise ou pas les ministres de Son Gouvernement et Il peut les défaire ou les révoquer définitivement. Et ce n’est pas une mince affaire que de responsabiliser publiquement un représentant du Makhzen ! M. Ouzzine n’est pas encore à ce stade. Justice et équité obligent, elles seront rendues. Pourquoi se hâter à le traîner dans la boue du stade ? Le mal est fait.

Et qui plus est, l’audit que SM a enclenché sous les auspices du général Benslimane, déjà bien avant la mise au repos d’Ouzzine, libérait par antériorité Benkirane de toute erreur de gouvernance ou d'orchestration, devant ses alliés. Ce geste royal, le dédouanait sincèrement des aléas, devant les Marocains. Que le Chef du Gouvernement montre ici, dans cette affaire, les acquis de la Nouvelle Constitution ! Oui, si SM n’avait pas agi plus vite et opportunément. On ne peut pas être plus royalistes que le roi. Limoger, sous la pression de la rue, Ouzzine par Benkirane, avant enquête et jugement, aurait été une erreur, une injustice, un tsunami politique, grave pour le Maroc !

Dr Idrissi My Ahmed, Kénitra, le 22 Décembre 2014





CI-BAS L'ARTICLE EN QUESTION 
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Ouzzine ou les leçons d’un limogeage annoncé

Le chef du gouvernement est dans l’incapacité d’occuper l’espace constitutionnel de sa fonction



Ouzzine ou les leçons  d’un limogeage annoncé






Si l’affaire «Ouzzine et la pelouse inondée du stade Moulay Abdellah»  a révélé des dysfonctionnements et irrégularités à la face du monde, elle a aussi et surtout montré l’incapacité du chef du gouvernement à remplir les pouvoirs que lui confère la Constitution. « Force est de le reconnaître. Abdelilah Benkirane s’est volontairement placé en deçà de ses prérogatives de patron de l’Exécutif. C’est comme s’il refusait d’occuper et de remplir  l’espace que lui donne la Loi fondamentale.  Son incapacité à  user de l’ensemble de ses prérogatives est un bien mauvais service rendu à la démocratie », explique  ce politologue de la place. 

Cette incapacité du chef du gouvernement à faire usage de tous ses pouvoirs, et notamment de l’article 47 de la Constitution,  s’est cristallisée à l’occasion de l’affaire du ministre de la Jeunesse et des Sports au lendemain du scandale  planétaire du Mondialito.   Alors que l’opinion publique n’en finissait pas de proclamer sur tous les tons et à tous les modes son indignation, Abdelilah Benkirane a fait montre d’un incroyable déni de la réalité lors du dernier Conseil de gouvernement. « Ce qui s’est passé n’est pas grave. C’est juste une affaire embarrassante. Une pelouse qui a coûté 22 milliards inondée, cela peut arriver à tout le monde. Le gouvernement a son bilan. Il a ses réalisations. Rien ne doit nous détourner de cela », dira-t-il en substance à ses ministres. « Pas un mot sur les responsabilités. Pas un mot sur le principe de la reddition des comptes. On était tout simplement  dans la troisième dimension. On avait l’impression que le chef du gouvernement avait tourné la page de cette affaire qui a fait le tour du monde en donnant une bien triste image de notre pays», confie un ministre encore surpris par autant de sollicitude en direction d’un ministre au moins responsable politiquement d’un Mondialito qui a tourné au mauvais vaudeville.

La majorité plutôt que  la bonne gouvernance 

En tenant un tel discours, et c’est le plus grave, Benkirane a surtout soutenu un ministre appartenant à sa majorité. A-t-il sacrifié les intérêts du pays en ce qui concerne notamment la bonne gouvernance sur l’autel de la coalition gouvernementale qui lui est visiblement plus chère? A-t-il cédé aux pressions du Mouvement populaire  et aux menaces de la  dame de fer des Harakis qui se trouve être la belle-mère du ministre de la Jeunesse et des Sports? A l’évidence, Benkirane  n’a revêtu pour la circonstance que ses habits de chef de la majorité. «Même le fait qu’Ouzzine soit juge et partie dans le cadre d’une enquête ouverte sur ce scandale ne l’a pas gêné. On aurait tellement voulu qu’il soit plus strict au niveau des principes et des procédures, lui qui est à la tête d’un gouvernement qui se vend comme le porte-voix de la transparence», commente ce ténor de l’opposition avant de pointer «les occasions ratées d’un Exécutif qui se fait, à chaque fois, sonner la fin de la récré par le chef de l’Etat». 

Et vendredi 19 décembre, l’agence Maghreb arabe presse donne l’information en tout début d’après-midi. Le Roi a ordonné au chef du gouvernement de suspendre le ministre de la Jeunesse et des Sports de toutes ses activités ministérielles liées à la Coupe du monde des clubs champions et à qui il a été fermement demandé de ne pas assister à la finale qui a eu lieu samedi à Marrakech sous la présidence du Prince Héritier. Le chef de l’Etat a enfin appelé à l’ouverture d’une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités dans les dysfonctionnements qui ont conduit à un tel scandale.  Ce qui signifie en clair que l’enquête diligentée par le ministère de la Jeunesse et des Sports n’a rien de légitime. 

«Dans la réaction du Roi qui est intervenue 24 heures après la tenue du Conseil de gouvernement et au cours duquel Benkirane n’a pris aucune décision, il y a eu lieu de noter que la responsabilité est un élément de langage important. Pas question de sacrifier les lampistes. Un ministre est responsable de son secteur ».


En attendant la prochaine  colère Royale 

« Pourquoi Ouzzine, qui n'est certainement pas le seul mais le premier responsable de cette mascarade, n'a pas eu le courage de démissionner de lui-même ? Pourquoi Benkirane ne l'a pas démis de ses fonctions, comme le lui permet la loi ? Aurait-il soufflé cela en haut lieu et laisser le "haut lieu" s'en occuper ? Tout cela pose la question cruciale de la responsabilité. Jusqu'à quand vivra-t-on dans l'amateurisme et le colmatage des brèches en attendant la prochaine colère Royale? Quand nos responsables deviendront-ils autonomes, dignes et capables d'assumer leurs actes jusqu'au bout ? Quand sauront-ils s'imposer non par les discours mais par le sens du devoir ? », s’interroge avec beaucoup de justesse l’intellectuel Driss Ksikess sur sa page facebook.
En sonnant la fin de la récréation, l’institution monarchique a actionné les leviers constitutionnels. Le double principe de la responsabilité et de la reddition des comptes est convoqué  tout en veillant à la préservation d’un autre principe important dans un Etat de droit, la présemption d’innocence.  Mohamed Ouzzine n’a pas été limogé. Il est suspendu de ses activités ministérielles en lien avec le Mondialito.

La jurisprudence Ouzzine 

« On aurait voulu que des mécanismes institutionnels puissent avoir autant de pouvoirs que l'institution monarchique pour sanctionner les mandataires politiques et autres technocrates. Si la jurisprudence "Ouzzine" permet de démettre un ministre de ses fonctions à cause d'un flagrant délit de négligence ou de corruption, la constitution de dossiers similaires -preuves à l'appui- ferait que la purge au sein de l'Etat ne prenne pas beaucoup de temps pour que cela s'inscrive dans un phénomène de refondation», commente sur la Toile l’avocat activiste Omar Bendjelloun.
Au final, le ministre de la Jeunesse et des Sports a été interdit de finale. Il n’a pas non plus assisté au dîner de gala offert vendredi soir.  Les Harakis, eux, affichent profil bas, bottent en touche dans un communiqué daté de samedi 20 décembre où ils expriment leur solidarité avec le ministre Ouzzine tout en attendant les conclusions de l’enquête.  Fini les menaces de retrait de la coalition au cas où le ministre haraki serait limogé.  Au final aussi, c’est un spectacle d’une majorité  prenant de l’eau de partout qui est donné à voir aux Marocains, un gouvernement qui tangue entre irresponsabilité et déni de la réalité et enfin un espace constitutionnel que Benkirane s’interdit d’occuper. 

Narjis Rerhaye
Lundi 22 Décembre 2014 
FIN